“Assise, debout, couchée devant une toile de pierre en bois, une jeune vieille peignait des portraits de natures mortes à la lumière éclatante d’une bougie éteinte, la guerre grondait en silence, les secondes duraient des éternités tandis que le temps prenait de la vitesse dans le chaos du nouvel ordre,le soleil pourtant brillait toujours dans l’obscurité, soudain apparut un héros inconnu qui réveillait les morts pour les manger tout cru!Comme un saumon arc en ciel, je peins à contre-courant et en couleurs, ma façon de lutter contre le sens de la noirceur du monde; Je peins des hommes morts oubliés, souvent assassinés, pour remplacer les icônes roses et creuses qui se vendent, je peins des guerriers vaincus pour qu’ils se battent à nouveau à mes côtés. Je cherche à rétablir l’équilibre, avec des pinceaux à trois poils et des couleurs qui claquent.Je le fais tous les jours de la semaine, bien obligée, pour me rappeler sans-cesse ma liberté de choix ,(être artiste, être mère, être végétarienne), ce que cela implique quand on est née bien blanche et française...(en Lorraine) Mon rapport au monde, mon rapport au vivant... ma colère devant la désolation, ce qui reste une fois aboli “la sensiblerie”, je dois bien en faire quelque chose, si possible quelque chose d’utile, quelque chose de beau pour l’oiseau... Sans doute deviendrais-je artiste-éco-terroriste ?!. Chacune de mes toiles est une figure déterrée de notre cimetière des hommes libres, aux quels je rends hommage afin de raviver l’étincelle commune qui allumera le brasier des grands changements. Je peins comme d’autres se battent, pour survivre!”